Depuis plusieurs années, l’hypnose s’impose progressivement comme une approche complémentaire sérieuse dans le domaine de la santé mentale et physique. Si elle a longtemps souffert d’une image ésotérique ou spectaculaire, la recherche scientifique a permis de mieux comprendre ses mécanismes et son efficacité. Aujourd’hui, l’hypnose est utilisée en cabinet, en hôpital, en centre de la douleur, et intégrée à de nombreux protocoles médicaux validés. Mais que peut-on réellement traiter avec l’hypnose ? À quoi sert-elle, et dans quelles limites ?
Cet article fait le point, en s’appuyant sur les connaissances actuelles, les recommandations des instances de santé et les études cliniques disponibles.
Qu’est-ce que l’hypnose ? Un état de conscience modifiée objectivable
L’hypnose thérapeutique n’est ni du sommeil ni de la magie. Il s’agit d’un état de conscience modifiée dans lequel l’attention est focalisée, l’esprit critique mis entre parenthèses, et où l’imaginaire prend une place plus active. Il s’agit d’un état naturel, que l’on expérimente quotidiennement : en conduisant en mode « pilote automatique », en étant absorbé par un livre ou un film, ou en rêvassant.
Les recherches en neurosciences ont démontré que cet état s’accompagne de modifications mesurables de l’activité cérébrale (Chamine et al., 2016 ; Del Casale et al., 2015), notamment une activation accrue du cortex cingulaire antérieur, impliqué dans l’attention sélective et la perception du contrôle de la douleur, et une diminution de l’activité dans les circuits du mode par défaut (ceux associés au bavardage mental).
Reconnaissance officielle : ce que disent les institutions de santé
L’hypnose est reconnue par plusieurs instances officielles :
- L’Inserm (France), dans un rapport de 2015, considère que l’hypnose est efficace ou potentiellement efficace dans de nombreuses indications, notamment la douleur, les troubles anxieux, et certaines addictions.
- La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande son usage pour la prise en charge de la douleur, notamment en soins palliatifs, en chirurgie ou en anesthésie.
- La British Medical Association, dès 1955, a reconnu l’hypnose comme une approche thérapeutique utile.
- L’American Psychological Association (APA) soutient également l’intégration de l’hypnose dans les approches psychothérapeutiques, lorsqu’elle est pratiquée par des professionnels formés.
Les domaines où l’hypnose a fait ses preuves
1. La douleur aiguë et chronique
L’hypnose est l’un des traitements non médicamenteux les mieux validés pour la gestion de la douleur. Elle agit à la fois sur la perception de la douleur, sur l’interprétation cognitive qu’en fait le patient, et sur les réactions émotionnelles associées.
- Douleurs chroniques (fibromyalgie, lombalgies, céphalées chroniques, douleurs neuropathiques)
- Douleurs aiguës (accouchement, soins douloureux, chirurgie, brûlures)
- Douleurs psychosomatiques (douleurs sans lésion identifiable)
→ Une méta-analyse de Montgomery et al. (2000) a montré que l’hypnose réduit significativement la douleur post-opératoire, la durée des hospitalisations et l’anxiété pré-chirurgicale.
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2. Les troubles anxieux
L’hypnose est particulièrement utile pour les troubles liés à l’anxiété, notamment parce qu’elle agit directement sur le système nerveux autonome, réduisant l’hyperactivation liée au stress.
- Anxiété généralisée
- Phobies (peur de l’avion, des examens, etc.)
- Stress post-traumatique (en complément d’un travail thérapeutique)
- Trouble panique, anxiété de performance
→ L’hypnose permet une exposition progressive et symbolique aux peurs, une restructuration cognitive en état de conscience modifiée, et une réactivation du système parasympathique (relaxation).
3. Les troubles du sommeil
Les troubles de l’endormissement, les réveils nocturnes ou le sommeil non réparateur peuvent être efficacement pris en charge grâce à l’hypnose.
- Insomnie psychophysiologique
- Réveils nocturnes
- Sommeil anxieux ou agité
- Syndrome des jambes sans repos (en complément)
→ En travaillant sur le ralentissement cognitif, l’ancrage de nouveaux rituels, et la désactivation de l’hypervigilance, l’hypnose favorise un retour à un sommeil naturel.
4. Les troubles digestifs fonctionnels
De nombreuses études ont validé l’efficacité de l’hypnose dans le syndrome de l’intestin irritable (SII) et d’autres troubles digestifs sans cause organique.
- Ballonnements, spasmes, douleurs abdominales
- Constipation ou diarrhée fonctionnelle
- Troubles liés au stress digestif
→ Une étude de Whorwell et al. (2006) sur plus de 250 patients a montré que l’hypnose gut-directed permettait une amélioration significative des symptômes du SII chez 70% des patients.
5. Les addictions et compulsions
L’hypnose ne remplace pas une prise en charge globale (psychothérapeutique, médicale) mais elle peut renforcer la motivation, travailler sur les automatismes et réduire les rechutes.
- Tabac, alcool, sucre
- Compulsions alimentaires
- Grignotages émotionnels
- Jeux, achats, addictions comportementales
→ Elle intervient en travaillant sur les schémas inconscients, les déclencheurs émotionnels, et les stratégies de compensation.
6. Les troubles émotionnels et psychosomatiques
L’hypnose aide à réguler les émotions perturbatrices et à relâcher les tensions associées à des conflits psychiques non résolus.
- Colère, tristesse, culpabilité excessive
- Douleurs psychogènes, tics, bégaiement
- Troubles de la peau liés au stress (eczéma, psoriasis)
- Fatigue chronique, tensions musculaires
- Elle permet un travail symbolique profond, souvent plus rapide et moins confrontant que les approches purement verbales.
Ce que l’hypnose ne soigne pas (et c’est important de le dire)
L’hypnose n’est pas une médecine magique. Elle ne remplace pas un suivi médical en cas de pathologie lourde. Elle ne guérit pas les cancers, les maladies neurodégénératives ou les troubles psychiatriques graves. Cependant, elle peut accompagner de nombreuses situations :
- Soulagement des effets secondaires des traitements (chimiothérapie, douleurs, fatigue)
- Amélioration de la qualité de vie
- Réduction de l’anxiété associée à la maladie
Elle est contre-indiquée, ou utilisée avec précaution, en cas de troubles psychotiques, de troubles dissociatifs sévères, ou si la personne ne souhaite pas s’engager dans le processus.
Conclusion : une thérapie brève mais pas miraculeuse
L’hypnose, loin d’être une baguette magique, est un outil thérapeutique validé, dont l’efficacité repose sur la relation de confiance, la motivation du patient et la compétence du praticien. Elle ne soigne pas tout, mais elle peut accélérer et faciliter un changement durable, surtout lorsqu’elle est intégrée à une démarche globale et rigoureuse.
- Elle est particulièrement efficace dans la douleur, les troubles anxieux, du sommeil, digestifs et les troubles liés au stress.
- Elle s’appuie sur des mécanismes psychologiques naturels et des données neurologiques solides.
- Elle permet un travail profond, symbolique et souvent plus doux que d’autres formes de thérapie.
Avant d’y recourir, veillez à consulter un professionnel formé, certifié et supervisé, notamment dans les cas de troubles émotionnels complexes.
Emilia, rédactrice et journaliste pour Santé Nova. Sujet Lifestyle et pleins d’idées pour la vie de tous les jours ! Je partage mes idées sur la santé, mes découvertes, les remèdes de grand-mère, les astuces naturelles du quotidien, la psychologie ! #inspiration #slowfood #sante